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les raisons de ma reconversion
--> d'ingénieur à paysan
A la base je suis ingénieur. Des mines. De Saint-Etienne. Qu'est ce qui a bien pu me pousser à envisager de quitter ce métier envié pour devenir maraîcher, c'est à dire paysan, un métier oublié, délaissé ?

Quand je suis sorti de ma belle école, à 23 ans, la tête pleine de rêves de réussite, promis à un avenir radieu fait de salaires mirobolants, de postes à responsabilité dans des entreprises dynamiques et exhaltantes, rien ne semblait pouvoir arrêter ma fougue d'appliquer les méthodologies fraîchement apprises. Imprégné à mon insu du concept d'employabilité, persuadé que l'on se forme tout au long de sa vie, j'étais déterminé à utiliser au bout que quelques années de travail le droit au congés individuel de formation. Je m'imaginais alors approfondir un sujet technique ou bien passer un MBA en gestion d'entreprise pour parfaire mon moulage et ma trajectoire dans le monde des entreprises.

Cette trajectoire n'a pas été exactement celle que je m'imaginais à mes débuts. J'ai évolué dans la vraie vie et constaté qu'elle n'était pas aussi belle que je l'avais cru. J'ai peu à peu découvert le prolétariat à col blanc.
Petit à petit, j'ai aussi pris conscience d'un certain nombre de problèmes écologiques de la planète, en particulier ceux liés à l'énergie, on n'est pas passé par les mines pour rien...

En 2001, j'embarquai sur le tout jeune projet A380, dans un poste enviable au bureau d'études. J'allais y rester 5 ans. J'avais toujours mon CIF en tête, mais j'avais complètement oublié le MBA: je m'orientais plutôt vers les énergies renouvelables. Consciencieux, je m'étais fixé d'aller jusqu'au bout du programme A380 avant d'entreprendre ma formation. Un an avant la fin supposée du projet (les gros retards n'étaient pas encore annoncés), début 2006, j'ai entamé un bilan de compétences afin de préparer le terrain.

Un jour au cours de ce bilan, alors que je venais d'expliquer à ma conseillère les raisons pour lesquelles je n'avais pas encore démissionné (en gros l'envie d'aller jusqu'au bout de ma mission et la loyauté envers l'équipe) j'ai entendu comme toute réponse : "c'est tout ?".
C'est cette petite question toute simple qui résonnait dans ma tête le lundi d'après lorsque j'ai fait un soleil à vélo qui m'a valu une double fracture du bras et 2 mois 3 semaines d'arrêt maladie, à l'issue desquels on m'a signifié que j'avais 3 semaines pour quitter le programme A380. Entre-temps, lorsque dans le bilan de compétence est arrivé le temps d'évoquer ses rêves les plus fous en vue d'élaborer le projet, j'ai sorti "l'agriculture".

C'est vrai que ça semble sorti du chapeau comme ça mais il y a une logique sous-jacente. Déjà à la sortie de l'école je me voyais cadre brillant dans une société qui s'occupe de satisfaire un besoin fondamental de l'humanité : l'eau potable. Ca ne s'est pas passé comme je me l'imaginais, et à postériori j'en suis bien content, mais il y avait cette finalité de se sentir utile.
Puis je vous ai déjà dit que mes préoccupations écologiques ont peu à peu évolué. En septembre 2005 j'ai organisé un débat sur la simplicité volontaire et je me suis mis à me poser des questions sur ma place dans la société. Je me sentais de moins en moins à l'aise à faire des avions. A noël cette année-là j'ai reçu de ma mère trois bouquins de Pierre Rabhi, et en particulier "Parole de Terre". Ce livre m'a chamboulé, et c'est en le refermant que j'ai réalisé le rôle central du paysan dans la relation de l'Homme à la Terre. Ce métier me paraissait comme celui qui par excellence permet de vivre en phase avec la nature.
J'ai très vite refoulé cette idée, impossible à mettre en oeuvre à mes yeux, mais la graine était semée et elle a germé pendant le bilan de compétence. J'ai validé le projet par un stage de 7 jours chez un maraîcher pendant mes vacances. Le retour a été dur, et j'ai vite compris qu'il n'y avait pas d'hésitation à avoir.

Mes motivations sont donc pour résumer :
- œuvrer, vivre non plus contre mais en phase avec le vivant, et donc être en cohérence avec mes valeurs.
- m'impliquer davantage dans les problématiques du XXIeme siècle : réchauffement climatique, chute de la biodiversité, accroissement de la population, raréfaction des matières premières, en choississant à une activité qui est à la croisée de ces questions.
- répondre à des besoins vitaux de l’homme : l'alimentation en premier lieu, mais aussi l’énergie, les matériaux de construction, les vêtements...
- et enfin, modestement, assurer l’avenir de mes enfants face à la crise écologique et sociale grâce au supplément d’autonomie que m’autorise ce projet.

Merci de votre attention !
Ecrit par Sachi, le Jeudi 20 Septembre 2007, 22:49 dans la rubrique Reconversion maraîchage.

Commentaires :

Anonyme
21-09-07 à 13:00

Bien !

J'ai eu ce matin un grand élan d'espoir en lisant ton texte Sacha ... voyons la suite !

Amitiés - Chantal


 
Sachi
21-09-07 à 22:59

Re: Bien !

D'espoir ? pour qui, pour quoi ? Explique !

bises
Sacha

 
Sylvain
21-09-07 à 13:54

bravo !

Salut Alexandre !
On s'est rencontré lors de la fête d'anniversaire de Sarah en Ariège. Je suis actuellement étudiant ingénieur, je me pose de nombreuses questions, je tente de mesurer mon courage et ma force pour me sortir de mon avenir tout tracé, et voir où tu en es m'encourage, et... bravo !
A très bientôt, je passe l'adresse de ton blog aux amis !
Sylvain

 
Sachi
21-09-07 à 23:28

Re: bravo !

Salut Sylvain,
Le CIF est un sacré outil pour les ingénieurs en détresse. Mais toi tu es encore en formation tu dois pouvoir encore orienter tes options, tes stages  etc ... non ?
En tout cas c'est réjouissant de voir un tel niveau de conscience à ton âge.
Je suis ravi si je peux apporter quelque encouragement et en tout cas je me sens vraiment épaulé par plein de gens et ça c'est super important pour moi.
A bientôt
Alexandre


 
Richard
24-09-07 à 21:16

Salut Sachi,
je suis maraicher dans le sud du Tarn (Lavaur) depuis 3 ans et pote à Sarah. Avant, j'étais gérant d'un bureau d'étude mais petit à petit ce boulot m'est devenu insensé....Alors j'ai fait la gueule aux clients ou leur ai raconté des choses qu'ils n'avaient pas envie d'entendre et l'affaire a été vite pliée...Ici, il y a un paquet de jeunes qui veulent démarrer en maraichage et traction animale dont un ami ingénieur en mécanique! On bosse à deux (avec ma compagne qui a préparé l'an dernier un BPREA en maraichage à Brens dans le Tarn)  et depuis cette année on s'en sort économiquement. Voila, si tu a besoin de qq chose, demande ou passe nous voir.
Richard

 
Sachi
25-09-07 à 21:55

Re:

Salut Richard,

Je sais qui tu es, je suis passé te voir il y a à peu près un an. J'étais venu à une journée sur les nanos. On avait discuté installation et AMAP.
Merci en tout cas.
J'essaierai de passer vous faire un petit coucou !
Alexandre

 
Anonyme
25-09-07 à 11:51

Bonjour Sachi,

Je suis le coapain dont parle Richard. Sortit tout droit d'une école d'ingénieur (UTC,  si tu connais) je devais à priori moi aussi embrasser une grande carrièere dans le monde indus de l'entreprise. Finalement, après quelques virages (humanitaire et social) je tente avec ma petite famille, et pleins de copains, d'accroitre mon autonomie, en m'installant maraicher dans le nord du Tarn. Ne voulant pas rertourner à l'école (BPREA de Brens), on a monté avec des copains "l'université des cailloux" (informelle donc) qui tente de permettre à des gars comme moi d'apprendre les savoirs et savoirs faire liés à la Terre en mettant en relation "étudiant" et paysan.
Au plaisir de te rencontrer.

Salutations

Vincent